
Il fallait en parler. Il fallait que le
« feeling » se libère. La poitrine gonflée, le souffle court, je me
dépêche de m’assoir pour écrire cet article.
Quelque chose m’a bouleversée. Peu à peu je respire. Je prends
conscience de ce qui m’entoure. Un monde s’écroule, un autre se crée. C’est le
pouvoir des histoires.
Quand Emma Bovary rêve d’une vie meilleure, d’une vie
excitante, elle se renferme dans son monde, dans ses livres, dans ses passions.
Je me sens proche d’elle depuis que j’ai lu ce chef d’œuvre alors que j’avais
seulement 15 ans. Emma m’a fait rêver avec elle. Ses désillusions m’ont fait
trembler. J’ai peur pour ma santé mentale, j’ai peur pour ma réalité. Quand les
rêves prennent racine dans le cœur et dans l’âme, quelque chose d’étrange s’immisce
dans notre vie. Une déception, des questions existentielles, une négativité.
Mais parfois, d’autres sentiments prennent le dessus. Le rire,
l’émerveillement, l’optimisme, l’humour. Les horreurs prennent un tout autre
sens.
En créant une histoire, on fait rêver les autres et on rêve pour soi-même. Les histoires nous changent et nous changeons les histoires. C’est
un cycle sans fin. Les histoires dans les histoires dans les histoires. Elles font
de nous des acteurs. Un tour de phrase, une lueur dans l’obscurité, une fleur
au milieu de la ville, l’amour derrière l’indifférence et HOP je transforme le monde !
Qui suis-je ? Les masques que je trimballe dans mon sac à dos pèsent lourd sur mon âme. Je veux paraître pour le monde, mais il m'est cruel de paraître. C'est ainsi que les discussions prennent souvent la même tournure:
Qui suis-je ? Les masques que je trimballe dans mon sac à dos pèsent lourd sur mon âme. Je veux paraître pour le monde, mais il m'est cruel de paraître. C'est ainsi que les discussions prennent souvent la même tournure:
- Oui
- Tu es cinéphile ?
- J’imagine…
- Alors tu aimes les films de Godard, Eisenstein, Orson
Wells, Chaplin, blablabla
- J’imagine…
- C’est quoi le dernier film que tu as vu ?
- Tamasha
- Hein ? C’est quoi Tamasha
- …
NON ! Moi j’aime Bollywood, j’aime les films « lousy »,
j’aime le jeu exagéré théâtral, j’aime le musicale, j’aime le kitsch, j’aime
voir l’héroïne tomber dans les bras du héros. J’aime les histoires d’aventures,
j’aime les histoires dans les histoires.
Je peux mettre mon masque de cinéma pour toi si tu veux. Mon masque snob. Mon
masque de fille responsable. Mon masque de maturité. Mon masque de vivacité
d’esprit. Mon masque de froideur.
Mais quand je rentre chez moi le soir, seule dans mon lit
avec mes histoires, je suis Emma Bovary minus le suicide à l’arsenic. Je laisse
tomber mes masques sur le sol et il ne reste que moi, la bibliophile. Je
soupire de soulagement et de plaisir. J'appuie sur "play", je tourne une page et mon monde est renversé. Je souris.
LaCarolina Di Franciosi